vendredi 19 octobre 2012

Albane Gellé



Nous valsons



Il y a comme une jubilation à mettre à distance la gravité par une valse d’images empreintes de l’enfance, sans jamais tomber dans l’insouciance et la naïveté. Car on sait bien de quoi il retourne en toile de fond. Nous valsons pour dire peut-être, nous allons, avec toute la quincaillerie de l’existence, et ça sonne et roule à l’oreille du lecteur pour un vrai grand plaisir.



coeur galactique et nos nuages d'après-guerre
nous prononçons bientôt matin
et au galop ce qui résonne
plus d'embarras (enfin)
pour les cadeaux
donnés reçus


* * *


le vent rafales comme si traversant l'atmosphère
(ses bruits d'air cherchent passages)
je tu il nous très trop légers
et s'égratignent nos images de plantations
(quand même les arbres tombent meurent*)
puis
l'étonnement du calme (revenu)
et le retour galop de nos affolements


* * *


avec le bout du pied
nous jetons querelles
dans le caniveau, nous attendons
des trains dans de petites gares
en écoutant des uns des autres les promesses
et les recommandations - nous
nous éloignons


Couverture de Jette Hampe 

mercredi 4 juillet 2012

Philippe Païni et Geneviève Peigné




Philippe Païni 
Les visages s’effacent

Prague, Rome, Kedzierzyn, et d’autres, des lieux à traverser, autant de visages et de corps à croiser, d’aujourd’hui ou pas ; on est dans le monde des hommes, c’est-à-dire dans ces constructions humaines : urbaines, historiques. Le poète tissent des liens possibles entre ces extérieurs puissants et nos intériorités.







peut-être encore quelque chose comme
la vie
entre les pavés
ce qui lentement les soulève ici
ou là
lentement ce qui creuse
ailleurs
peut-être quelque chose bruit qu’on n’entend pas
dans le bruit
le grand bruit des vivants qui se tiennent ainsi
main dans la main la bouche
dans l’oreille ou parlant fort
au-dessus des files de voitures entre deux
quintes d’autobus

termini termini
et la communauté des vivants s’ébranle lentement
continue invisiblement à se déplier dans la nuit
et parle parle sans fin à y percer des trous


13x18 cm ; 40p. 7,70 € / Couverture de Solange Knopf

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Geneviève Peigné
A défaut de miracle

Incision des mots qui approchent nos impossibles, nos attitudes bancales, nos petits arrangements intérieurs. Chacun retrouvera ce « miracle » tant rêvé, fantasmé, inaccessible puisque lié à notre condition d’Homme. C’est jusque dans les petits riens de la vie, qui somme toute, sont la vie.







Redescendre de la neige
qui tire son drap jusqu’à la vitre
de l'alcool de lettres de cachets
et autres téléphériques

Elles clochent
ces façons de se détacher
sans salissure
hémorragique

d’une haine indécise
peut-être ?


***


Miracle
Le point de vue du nouveau-né
reste douteux

à rechercher toute sa vie
une parole
aussi puissante que son cri.


Couverture de François Ridard / 13x18 cm ; 32p. 7,70 € 

lundi 26 mars 2012

Stéphanie Ferrat




















Ventres


on garde au devant
absents les corps

comme écorces
cellules mortes

se forme une pellicule de boue

tout à l’intérieur émigre

* * *



le blanc
peu à peu s’en va

l’hiver lave
peigne

l’herbe sensible n’y peut rien
 


* * *



tant de tambours
de chaleurs évadées

on perd par noyaux
par boule
par poignées successives



         * * *



on n’écrit pas la tristesse
mais la répétition

tout ce qui subitement disparaît
avec la boue
l’herbe non-mâchée

* * *
Couverture de l'auteur.







samedi 10 mars 2012

Rencontres avec les Editions Potentille à l'occasion du 14ème Printemps des poètes 

Bibliothèque de Lormes (58) 
le vendredi 16 mars à 19h00 
Présentation et discussion autour des Editions Potentille, ainsi qu'une lecture de Geneviève Peigné ( poésie et romans chez Actes sud, La Goulotte, Virgile... et dans le programme 2012 de Potentille).


Librarie Le Cyprès (Nevers) 
le samedi 24 mars à 18h00.
Un choix de poèmes parmi les publications de Potentille sera mis en voix par Isabelle Robbe, Corinne Fréguin et Anne Belleveaux.

Puis le plaisir de l’échange et de la convivialité avec vous tous…



A bientôt !

L'intitulé du 14e Printemps des Poètes voudrait inviter à considérer quelle parole les poètes tiennent sur les commencements, apprentissage du monde entre blessures et émerveillements, appétit de vivre et affrontement à la « réalité rugueuse », comment leur écriture aussi garde mémoire du rapport premier, libre et créatif, à la langue.     …/…
Jean-Pierre Siméon

mardi 6 septembre 2011

Armand Dupuy























La tête pas vite


extrait

Seul, ................on est là, .........pas sûr,
pris par ce qu'on essuie

de fond gris.

On voudrait sentir la vie plus fort,
mais rien n'échafaude,

quelques phrases passent.

Le paysage lisse, .........lisse avec lui
qui va la route.

Des lignes s'agacent, se perturbent ou s'interrompent

................................juste après le bleu,
............................... sa quantité face au gris.


Pourtant les lignes
ne bougent pas, ......bougent .....mais le font
moins vite que les cyprès devant.

Au fond, il n'y aurait pas grand chose à dire.

Juste un arbre qu'on ne voit pas
dévore plus bas,


personne n'est là.


Couverture de bobi+bobi
bobibook.blogspot.com

mercredi 15 juin 2011

Nuno Judice



Le Mystère de la beauté



extrait de la préface


"(...) Si nous parlons d'une approche du mystère de la beauté, c'est parce qu'à la fréquentation assidue des poèmes, le sentiment que le mystère s'épaissit en touchant la beauté, nous saisit. Aucune défloration du mystère n'a lieu, bien au contraire. Nuno Judice désigne le mystérieus du mystère : la beauté ! (...) Puissance d'attraction, gravité, la vision nous saisit et nous émeut sans nous rassasier. On ne se rassasie pas de la beauté à la lecture du poème... Attraction et frustration, séduction et infini... on n'entrevoit que ce qui se dérobe.(...)




extrait


Désir nocture



Un champ dans lequel il pleut : et toute l'eau du ciel

pénétrant dans la terre, déchirant le ventre d'argile

dans le plus profond de ses entrailles. Une

absence subite au moment des adieux,
laissant derrière elle les corps, que les arbres

recouvrent de leur ombre. Les gouttes

tombent des feuilles et pénètrent par les mots,

les transformant en morceaux de syllabes

que le courant de la phrase dévore. La main

qui rédige l'hiver, et s'attarde

comme le gel qui blanchit l'herbe,

renferme dans sa dureté le souvenir de la nuit.




Couverture et page intérieure : d'après des gravure de Claude Strassart-Springer

lundi 4 avril 2011

Lecture-rencontre autour d'Alain Gérard


A l'occasion de la parution de

Jours sans levain,

les Editions Potentille proposent

une lecture-rencontre autour

d'Alain Gérard.


samedi 9 avril à la Médiathèque François-Mitterrand à Clamecy (58)

(rue Jean-Jaurès - 58500 CLAMECY - 03 86 27 30 69)

Les poèmes seront lus par Jean-Christophe Belleveaux, en présence de l'auteur.




Alain Gérard est peintre graveur et sculpteur. Il écrit depuis de nombreuses années, et a choisi, depuis peu, de publier. A pierre fendre est ainsi paru dans le supplément de la revue DPAG en 2010.


[Extraits de Jours sans levain]



Le soleil

est permanent

Il ne veut pas

d'une mauvaise guerre


* * *


Les yeux de la terre

Les yeux de la haine

- passent les dimanches -


* * *


- Le jour se lève, s'écaille -

Tu sors l'huile et les oigons

après tu verras