Désormais le silence. Les mots ont pris congés. Alors écrire pour comprendre, pour
supporter l’impossibilité d’écrire. Carnet
d’au bord se présente comme une sorte de journal poétique. Les
poèmes de Sophie G.Lucas s’adressent à elle-même, mais aussi au lecteur comme
une parole offerte : j’ai à te dire, écoute que je te dise, que je te raconte,
que je te montre.
Ainsi, à travers ces mois qui passent dans les mots qui disent le vide d'eux, c'est un moment de vie que l'on approche, celui de la pause, du questionnement, de l'avancée dans le silence.
Juin,
Je n'écris plus.
Je n'écris pas depuis un an.
Plus rien ne me traverse. Je suis vide. Je
sonne creux.
Je voudrais être toutes les autres vies.
Celles qui sont en vie.
Je marche des heures.
Je me nourris de terre, d'écorces, d'eau
boueuse, de ciel gris.
Un jour on n'écrit plus. On ne sait pourquoi.
Quand c'était exercice journalier depuis plus
de vingt ans.
Ce qui a tenu, tissé, raccommodé ma vie d'un
coup se découd.
La perte d'un soi ou la perte de soi.
Il pleut, le vent, la solitude espérée.
…/...
Couverture de Géraldine Guillot
Sophie G.Lucas